Bonjour et bienvenue dans Ex Libris !
Ne pas mettre en place de routine d’écriture est un piège classique des aspirants romanciers/scénaristes.
Car la créativité est un muscle.
Chacun a ses « heures sacrées » de productivité optimale.
Ne pas avoir de discipline fait courir le risque de passer plus de temps à s’imaginer écrire… qu’à vraiment produire !
Aujourd’hui, prépare-toi à découvrir
Pourquoi avoir une routine est clé
Un exemple de routine : celle du père de James Bond
Une checklist de questions pour créer la tienne
Ma routine d’écriture et ce qu’elle m’a permis d’accomplir
Dégote-toi un café et bonne lecture !
Une note personnelle pour commencer
Écriture
La réécriture de BAM : Brigade des affaires magiques bat son plein (je m’amuse comme un fou)
Production
Nous avons pitché notre projet de série d’anticipation à plusieurs gros producteurs (nous cherchons un coproducteur pour la partie exécution et aller voir les diffuseurs avec un tandem de choc)
Nous poursuivons la distribution de notre documentaire Et si on levait les yeux, qui alerte sur la surexposition aux écrans des enfants. Si vous voulez organiser une projection-débat dans l’école de vos enfants, votre mairie ou une asso, jetez un oeil au site du film et remplissez le formulaire
Pourquoi avoir une routine est-il clé ?
Parce que l’écriture créative sérieuse est difficile.
Elle est pluridisciplinaire : imagination, psychologie, connaissances culturelles, techniques d’écritures…
On se fantasme souvent en train d’écrire, mais le passage à l’acte est difficile.
En plus, c’est un marathon géant, car il faut recommencer des centaines de fois.
Le cerveau prendra la moindre distraction comme prétexte pour ne pas écrire.
Les gens veulent que ce soit facile, mais ça ne l’est pas. S’ils n’y arrivent pas, c’est qu’ils ne sont pas assez motivés.
– Jerry Seinfeld
La routine est ce qui permet :
D’entrer dans le flow, dans la « zone d’écriture »
D’organiser une discipline créative
On associe à tort la nouveauté des lieux avec l’inspiration créative.
Certes, un beau paysage ou un café peuvent susciter l’envie d’écrire.
Mais ça n’a rien à voir avec l’organisation d’une pratique d’écriture assidue qui permet d’écrire une œuvre.
Car il n’y a pas que le premier jet « inspiré », mais aussi la construction de l’intrigue et tout le travail de réécriture et de correction.
J’ai passé des dizaines d’heures à me renseigner sur les routines des grands auteurs.
Elles varient, certaines sont célèbres, mais tous ont un point commun :
Ils ont une routine.
L’écriture en dilettante est un mythe.
Soyez régulier et ordonné dans votre vie, afin que vous puissiez être violent et original dans votre travail.
– Flaubert
Un exemple de routine : celle du père de James Bond
Voici la routine créative de Ian Fleming (12 romans, 100 millions d’exemplaires vendus) :
[À la Jamaïque] je me lève avec les oiseaux, soit vers sept heures et demie, et ma femme et moi allons nager avant le petit-déjeuner.
De neuf heures trente à douze heures trente, j’écris, je garde une routine de travail rigoureuse.
Je fais tout cela sur ma machine à écrire. Je suis assis dans ma chambre et je tape 1500 mots de suite, sans regarder ce que j’ai écrit la veille. Vous n’oserez pas interrompre l’écriture d’un récit rapide avec trop d’introspection et d’autocritique. L’essentiel est d’écrire brièvement pour atteindre la vitesse narrative, et de supprimer les erreurs lorsque le livre est terminé.
Quand mon travail matinal est terminé, je sors avec mon tuba et mon trident autour des récifs, puis je reviens pour un bon déjeuner suivi d’une sieste pendant une heure ou deux.
Ensuite, une autre nage et je suis de retour pour une dernière heure à taper de six à sept heures, pour compléter les 2000 mots quotidiens.
Après cela le dîner, et peut-être un jeu de Scrabble avec ma femme, je me couche tôt et je m’endors tout de suite.
Cette routine se poursuit pendant environ six semaines, et seulement après avoir fini le manuscrit, je passe environ une semaine à corriger des erreurs flagrantes et à réécrire de brefs passages.
C’est seulement à ce stade que je reconsidère les mots et les phrases, vérifie l’orthographe et les faits ».
On retrouve les caractéristiques d’une routine efficace pour une production régulière :
Des « heures sacrées » de concentration
Un objectif (2000 mots quotidiens)
Distractions contrôlées et limitées (ce n’était pas l’époque des réseaux sociaux, mais on trouve toujours des distractions)
Du plaisir : trouver ce qui fonctionne pour vous (la connexion avec la nature ici)
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Une checklist de questions pour créer ta routine
Quelles sont les heures où tu es le plus productif/le plus disponible mentalement ?
Quelles sont les heures que tu peux protéger du monde (appels, distractions)
L’intersection des 1) et 2) = les « heures sacrées »Où est-ce que tu te sens bien pour écrire régulièrement ?
Quelles sont les distractions qui marchent bien sur toi ?
Quelles sont les activités clés de ton processus créatif ?
Quel environnement t’inspire ? (outils, lieux)
Ma routine d’écriture et ce qu’elle m’a permis d’accomplir
En 10 ans d’écriture, j’ai essayé beaucoup de choses et j’en suis revenu à une méthode très simple, mais redoutable, celle de Jerry Seinfeld.
Ce comédien milliardaire est passionné par l’art d’écrire et il en parle volontiers.
Selon lui, le blocage de l’écrivain n’existe pas.
Sa méthode est simple :
Il faut timeboxer son écriture et s’y tenir tous les jours.
Sans distraction.
Avec l’autorisation de faire deux choses à son bureau : écrire ou ne rien faire.
Le romancier Neil Gaiman partage cette approche :
Après quelques minutes à rêvasser et regarder par la fenêtre, écrire devient soudainement très intéressant.
L’un comme l’autre écrit son premier jet à la main.
Chacun recommande d’avoir un bureau en dehors de sa maison, pour envoyer un signal à son cerveau (« je sais ce qu’on fait dans cet endroit »)
Ma routine :
7h30 : lever
7h30- 9h : temps familial + déposer mes enfants à l’école
Je me verse un café et m’installe à mon bureau.
9h-11h : bloc d’écriture minimal sans distraction ni interruption
Parfois je pousse jusqu’à midi, mais ces 2 heures sont incompressibles.
J’y fais 3 types d’activités :
Structuration d’intrigues (scénarios/romans)
Écriture du premier jet à la machine à écrire ou à la main (0 distraction) : 2000 mots
Réécriture ou correction d’épreuves : 4000 mots
Pas de musique ni de téléphone.
Une fois ce bloc de 2-3 heures d’écriture créative passé, ma journée est gagnée.
Ça n’a l’air de rien.
Mais tenu 5 jours par semaine pendant 52 semaines, c’est énorme.
Cette année, avec cette routine (+ 1 bébé, des travaux et 1 déménagement, du coaching littéraire et des activités de production), j’aurais écrit :
2 romans
1 scénario d’épisode de 52 min
(+ souvent le post LinkedIn du jour et/ou Ex Libris)
Frédéric Dard, qui a écrit 288 romans dont les 180 San-Antonio (220 millions d’ex vendus), m’inspire aussi :
Je suis un écrivain désorganisé, mais avec une routine de travail très stricte.
4 à 8 pages entre 7 h et midi.
Minimum 3 pages par jour.
Mais trois pages tous les jours.
C’est en étant régulier que l’on peut bâtir facilement quelque chose de grand.
Conclusion
John Steinbeck (Nobel de littérature 1962) avait une routine particulière pour entrer en état de flow :
Il taillait 24 crayons de papier et les assemblait dans un bocal.
Puis il se mettait à écrire.
Toutes les 4 ou 5 phrases, la mine s’érodant, il passait au crayon suivant.
Une fois les 24 crayons usés, il recommençait le processus.
C’est une tactique typique.
Comme Beethoven qui comptait ses grains de café avant de les moudre puis de composer.
Comme Simenon qui préparait plusieurs pipes avant d’écrire.
Tous les créateurs développent des stratégies rassurantes et répétitives pour baliser leur pratique.
Parfois, le cerveau, qui aime la procrastination, vous divertira sur des sujets matériels :
Le bon papier
Le bon clavier
Le bon logiciel
Le bon fauteuil
La bonne lampe
La bonne machine à écrire…
Tous ceux qui s’essaient à l’écriture rencontrent cette tentation.
C’est le « démon » dont parle Steven Pressfield dans 𝑇ℎ𝑒 𝑊𝑎𝑟 𝑜𝑓 𝑎𝑟𝑡.
La partie de vous-même qui rechigne à l’effort et vous divertit de l’accomplissement de votre destin artistique.
À ce sujet, Steinbeck a écrit le mot qui résume tout :
J’ai cherché le crayon à papier parfait pendant des années.
J’en ai trouvé d’excellents, mais jamais le stylo idéal.
Pendant tout ce temps, le problème n’avait rien à voir avec les crayons, mais avec moi.
Les conditions matérielles idéales n’existent pas.
Trouvez la routine qui marche pour vous.
Et au boulot, le monde attend vos histoires !
C’était le 7e épisode d’Ex Libris et vous êtes plus de 760 dans la communauté.
MERCI !
Indique en commentaire tes questions sur cet épisode ou écris-moi par retour de ce mail, tes avis m’aident à bâtir la suite.
Le prochain numéro présentera comment construire des scènes puissantes et efficaces.
Par ailleurs, si tu bloques sur un projet ou si tu veux gagner du temps en bénéficiant de mon expérience, j’ai ouvert des créneaux de coaching d’écriture : plus d’informations ici (j’ai mis les témoignages d’auteurs que j’ai accompagnés cet été).
Ça t’a plu?
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Bons baisers de Nantes et à samedi prochain !
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