Psychanalyse et littérature
Outils & inspiration
Bonjour et bienvenue dans Ex Libris !
Les liens entre la littérature et la psychanalyse existent depuis la nuit des temps :
les mythes étaient des explorations littéraires des mystères du monde et de la psyché.
Certains outils et théories d’analyse psychologique présentent un intérêt pour l’écriture.
A minima, ils peuvent faire jaillir l’inspiration.
Explorons quelques exemples.
Prépare-toi à découvrir :
Pourquoi et comment communiquer avec l’inconscient du lecteur
L’analyse transactionnelle, l’outil d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri
Les 7 archétypes de Jung
Le MBTI : un outil pour se connaître en tant qu’auteur
En avant la musique ! 👇
Pense à t’abonner pour recevoir l’édition de samedi prochain :
Pourquoi et comment communiquer avec l’inconscient du lecteur
Une œuvre qui communique avec l’inconscient a plus de force.
Car un dialogue profond s’engage entre elle et nous.
Mais comment communiquer avec l’inconscient d’un lecteur ?
En lui attachant un complexe psychologique.
C’est-à-dire une présence archétypale liée au fond du récit.
Le philosophe Gaston Bachelard l’explique dans la Psychanalyse du feu :
« Quand on a reconnu un complexe psychologique, il semble qu’on comprenne mieux, plus synthétiquement, certaines œuvres poétiques.
En fait, une œuvre poétique ne peut guère recevoir son unité que d’un complexe.
Si le complexe manque, l’œuvre, sevrée de ses racines, ne communique plus avec l’inconscient.
Elle paraît froide, factice, fausse.
Au contraire, une œuvre même inachevée, livrée en variantes et en redites, comme l’Empedokles de Hölderlin, garde une unité, du fait seul qu’elle se greffe sur le complexe d’Empédocle. »
À titre d’exemple, Frank Herbert, l’auteur de Dune, a expliqué avoir construit Shaï-Hulud sur un archétype.
Le vers géant est central au récit, car il :
Maintient le climat de Dune en aspirant l’eau
Fabrique l’épice de longue vie
Est l’archétype de la bête noire des profondeurs
Le vers géant de Dune est volontairement dérivé du dragon de Beowulf qui garde le trésor (l’épice) avec la dague dorée (le Krys fabriqué à partir de ses dents).
Tu n’es pas abonné à Ex Libris ?
Abonne-toi pour recevoir le post de samedi prochain :
L’analyse transactionnelle, l’outil d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri
Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri utilisaient un outil pour écrire leurs scénarios.
Leurs personnages y gagnaient une épaisseur savoureuse.
Cet outil, c’est l’analyse transactionnelle, inventée par le psychiatre Eric Berne.
Elle parle notamment :
Des 3 états du moi : parent, enfant, adulte
Des scénarios de vie qui font qu’on répète des comportements nocifs
Des « timbres », cette comptabilité inconsciente qu’on tient dans nos échanges
De la structuration du temps : pourquoi on a des passe-temps et pourquoi on s’enferme dans des jeux psychologiques
Autant de concepts qui peuvent nourrir un scénario ou un roman.
Autant d’idées qui peuvent faire surgir des êtres de chair d’entre tes pages.
Je recommande deux livres pour entrer dans le sujet :
Naître gagnant, de Muriel James et Dorothy Jongeward
Des scénarios et des hommes, analyse transactionnelle des scénarios de vie, de Claude Steiner
Ça pourra aussi te servir dans la vie 😉
Les 7 archétypes de Jung
Selon le psychanalyste suisse Carl Jung, il existe un inconscient collectif.
Contes et mythes, comparables aux rêves d’une culture entière, sont peuplés de personnages types : les archétypes.
Ces masques universels sont souvent présents dans les récits de fiction.
Ils remplissent des fonctions dramatiques (liées au récit) et psychologiques, car ils sont des symboles personnifiés de l’âme humaine.
Voici les 7 archétypes les plus usuels et utiles en fiction :
1. Le héros
Fonction dramatique : protagoniste de l’histoire, sa quête symbolise des étapes de la vie qui culmine dans l’affrontement avec la mort
Fonctions psychologiques : représente le « moi » étranger au monde qui doit trouver sa place et son identité
2. Le mentor
Fonctions dramatiques : enseigne et conseille le héros
Fonctions psychologiques : le « soi », la conscience bienveillante qui nous guide
3. Le messager
Fonctions dramatiques : incarne la motivation, l’appel de l’aventure
Fonctions psychologiques : annonce la nécessité d’un changement
4. Le gardien du seuil
Fonctions dramatiques : teste les forces du héros
Fonctions psychologiques : incarne les névroses (troubles émotionnels dont nous sommes conscients)
5. Le personnage protéiforme
Fonctions dramatiques : suscite le doute ou le suspense, car il peut changer de camp à tout moment
Fonctions psychologiques : incarne les fantasmes, le pouvoir et l’assurance de soi
6. L’ombre
Fonctions dramatiques : défie le héros (tous les personnages peuvent porter ce masque)
Fonctions psychologiques : incarne le pouvoir des sentiments refoulés, nos peurs, la psychose
7. Le trickster
Fonctions dramatiques : permet le soulagement comique
Fonctions psychologiques : remet les egos à leur place
Pour aller plus loin, je te recommande la lecture de Christopher Vogler, Le Guide du scénariste :
Il y détaille (et simplifie) notamment le fameux voyage du héros de Joseph Campbell, matrice de nombreux récits, de Star Wars jusqu’à Harry Potter.
Nous en reparlerons peut-être…
Le MBTI : un outil pour se connaître en tant qu’auteur
Le MBTI (Myers Briggs Type Indicator) est un modèle basé sur la théorie de la personnalité de Carl Jung, justement.
Il place les préférences de perception du monde et de prise de décision de chaque personne sur 4 dimensions :
Extraversion (E) — Introversion (I) :
→ Tires-tu ton énergie du monde extérieur ou de ta richesse intérieure (idées, émotions, impressions) ?
Sensation (S) — Intuition (N) :
→ Recueilles-tu les informations par les 5 sens (attention aux détails) ou un “sixième sens” (pensée d’ensemble en remarquant ce qui pourrait être) ?
Pensée (T) — Sentiment (F) :
→ Prends-tu tes décision en faisant primer la logique objective ou en te basant sur tes valeurs et ton appréciation personnelle (sentiment) ?
Jugement (J) — Perception (P) :
→ Préfères-tu mener une vie organisée et planifiée ou souple et spontanée ?
Ces 4 lettres se combinent en 16 types de personnalités avec des préférences :
Je suis INTP, décrit en ces termes :
Les INTP sont rationnels, curieux, théoriques et abstraits, préférant organiser des idées plutôt que des situations ou des personnes.
Ils aiment travailler seuls avec un maximum d’autonomie pour développer leurs propres idées et méthodes.
Ça me correspond assez bien 🙂
Le MBTI est un modèle répandu en entreprise, un peu controversé, mais intéressant pour collaborer ou se comprendre.
Comme tous ces modèles, il ne faut pas les prendre trop au sérieux.
Il indique des tendances, des dominantes, mais personne n’est figé (on évolue dans la vie et notre comportement change en fonction des contextes).
Voyons comment cela peut s’appliquer à un auteur :
Introversion — Extraversion :
Introverti ? → Ressource-toi au calme, inspire-toi en lisant de bons livres, éteins ton téléphone quand tu écris car les interruptions sont fatales
Extraverti ? → pitche ton projet à tes amis pour te donner de l’énergie
Sensation/Intuition :
Sensitif ? → n’hésite pas à écrire des fragments pour élaborer ton projet, brainstorme en écrivant beaucoup
Intuitif ? → bâtis le plan de ton roman avant d’écrire, choisi un défi narratif qui va te stimuler
Pensée/Sentiment :
Penseur ? → donne-toi de l’élan avec un concept fort, vois chaque étape de l’écriture comme un « problem solving » créatif, veille à épaissir tes personnages
Sentimental ? → tu créeras sans doute tes personnages avec facilité, ne néglige pas la structure dramatique, aide-toi de schémas narratifs éprouvés
Jugement/Perception :
Jugement (=planificateur) ? → ne procrastine pas trop avant d’écrire, le plan parfait n’existe pas
Perception (=improvisateur) ? → apprend à savoir avec quel niveau de planification minimal tu es à l’aise pour écrire tes scènes sans partir dans tous les sens
L’écriture, cette perfide, a ceci de particulier qu’elle nous dessille sur nos faiblesses (manque d’imagination, les limites de notre style, etc.).
Le MBTI peut t’aider à cerner tes forces et t’adapter en conséquence.
Tu connaissais ?
C’était le 33e épisode d’Ex Libris et vous êtes 1600 lecteurs dans la communauté !
Bienvenue à chacun et chacune, et MERCI !
Ça t’a plu?
👉 Partage Ex Libris avec un ou une amie qui s'intéresse à l’écriture de fiction :
Bons baisers de Nantes et à samedi prochain en huit, je suis en vacances 😀 !
Pas encore abonné à Ex Libris ? Abonne-toi :
Hello Alexis,
Merci pour m'avoir fait découvrir l'analyse transactionnelle, je ne connaissais pas. A creuser, intéressant !
Le MBTI, je connais mieux. Je m'en suis même parfois servi pour vérifier la cohérence interne d'un personnage ou pour m'assurer d'avoir des personnages aux comportements différents, et aucun clone (donc inutile, a priori).
Je l'ai aussi utilisé sur moi... et tout comme toi, je trouve que ça colle bien à ma personnalité. Même si c'est forcément simplificateur, et même si dans certaines situations, j'ai un comportement différent de l'habituel.
Bon weekend,
Georges
Ça serait intéressant que tu fasses une édition sur les livres à lire sur l'écriture en fonction du type d'écriture : roman fonctionnel, newsletter, blog, etc.