Bonjour et bienvenue dans Ex Libris !
Aujourd’hui, prépare-toi à découvrir
Ce qu’est la tension narrative
Pourquoi c’est important d’en avoir conscience
Une technique pour la créer et la relâcher
Temps de lecture estimé : 7 minutes
Happe donc un café et bonne lecture !
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Une note personnelle pour commencer
Rentrée studieuse pour moi avec 2 priorités :
L’écriture du premier jet de BAM : Brigade des Affaires Magiques
Ça avance fort au rythme de 2 chapitres-machine par jour :
60 pages déjà
14 chapitres sur les 26 prévus
17 000 mots
Que c’est bon d’avoir un rythme, de dérouler un plan et de se laisser surprendre par ses personnages !
BAM sera exclusivement publié sur Substack dans une section dédiée d’Ex Libris d’ici quelques semaines !
Mon activité de producteur
Je distribue Et si on levait les yeux ?, le documentaire de ma maison de production qui donne à réfléchir sur la place des écrans chez des enfants de CM2.
Nous organisons des projections dans les écoles, les mairies, et les cinémas. En savoir plus ici.
Qu’est-ce que la tension narrative ?
Une histoire, c’est une promesse d’émotions.
Quand on zoome, c’est une succession de vallées et de pics émotionnels.
Leur profil est corrélé à l’intensification des conflits, des succès et des déconvenues du protagoniste.
La tension, c’est :
Cet écart entre ses objectifs et leur réalisation
Augmenté de ce qu’il a à perdre (l’enjeu)
Et de ce qu’il consent à sacrifier
Si l’histoire est bien tissée, on vibre pour lui, avec lui.
Et de plus en plus fort, car on s’identifie à lui (ou elle bien sûr).
Dans La Cinquième saison, roman de Science-Fiction/Fantasy écrit par l’Américaine N. K. Jemisin, une des protagonistes, Essun, mère de 2 enfants, cache ses pouvoirs magiques, qui sont frappés d’une sorte d’interdit.
Quand son mari découvre que leur fils a les mêmes pouvoirs, il le bat à mort et s’enfuit avec leur fille.
Cet élément déclencheur est le premier pic émotionnel du roman, qui installe la tension :
Objectif : retrouver son mari (pour lui demander des comptes) et sauver sa fille
Enjeu : la survie de sa fille et sa santé mentale
Ce qu’elle consent à sacrifier : tout
Promesse d’émotions.
Et plus l’histoire progresse, plus on s’attache à cette femme et à sa quête.
Et plus on ressent cette tension.
Pourquoi la tension narrative est importante
Tension ⇒ émotions.
Les romans/films ratés proposent un voyage émotionnel plat ou arythmique.
Ceux qui nous captivent nous font vivre des montagnes russes.
Voici une représentation graphique du bonheur d’Harry Potter dans le dernier opus :
Vous noterez que la forme globale est une pente descendante.
La raison ? Harry Potter laisse pas mal de plumes dans cet opus sombre.
La tension, en revanche, augmente, puisqu’il s’agit de défaire le seigneur des ténèbres himself.
C’est le profil type des romans & films qui suivent la structure en 3 actes d’Aristote (95 % des histoires), schématisée par la pyramide de Freytag :
Si tu écris, je te suggère de commencer par maîtriser cette forme intuitive.
C’est la meilleure école.
Ensuite, nous pourrons (je m’inclus dans le lot) nous essayer à des formes plus risquées, mais possibles, comme le climax central, utilisé dans un film célèbre :
Quoi qu’il en soit, si tu écris, une fois la première version satisfaisante atteinte, pose-toi cette question (qui tue, j’en conviens) :
Perçois-tu les temps émotionnels de chacun de tes personnages à chaque moment du récit ?
— Yves Lavandier, Évaluer un scénario.
Elle te pointera vers les temps faibles, sans tension ou trop mous, car moins clairs pour toi.
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Une technique pour manipuler la tension narrative (création et relâchement)
D’après Dwight Swain, romancier américain, il y a 2 sortes de « scènes » efficaces.
Et elles doivent se suivre dans une boucle :
1. Scène (il n’est pas allé chercher loin)
Établit l’objectif du protagoniste
Dresse du conflit sur sa route
Mène à un désastre (= fin surprenante qui ne va pas dans son sens)
2. Sequel
Montre la réaction du protagoniste
Expose son dilemme
Conduit à sa décision (et donc son nouvel objectif, qui fera l’objet de la scène suivante)
« Scènes » et « sequels » doivent alterner tout au long du roman, avec un crescendo d’objectifs-désastres-dilemmes pour maintenir la tension.
Si tu écris un passage et que tu ne sais pas de quel type il est (scène/sequel), ce n’est pas étonnant si ça n’est pas captivant…
… puisque tu ignore à quel effet tu travailles.
Source : Techniques of the Selling Writer (1981), de Dwight Swain.
Cet outil n’est pas parfait, mais il présente deux avantages :
La partie « sequel » permet de contrôler l’impression de temps qui passe dans l’esprit du lecteur et donc de calibrer le relâchement de la tension
Il force, dans la phase d’élaboration de l’intrigue, à fixer des objectifs concrets, des obstacles et des désastres au protagoniste, tout en forçant à montrer ses règles : il le garde actif (et ce n’est pas naturel quand on écrit)
Bonus : une 2e technique
Une autre manière efficace de relâcher la tension : faire un détour par une intrigue secondaire.
Elle ménage une pause dans la trajectoire principale.
Dans les Indiana Jones, toutes les scènes où Marcus Brody est le protagoniste local donnent une petite bouffée d’air.
L’enjeu est moindre : on respire ou on sourit.
Toutefois, arrange-toi pour lier cette intrigue secondaire à l’intrigue principale, soit :
Dramatiquement : sans elle il manquerait une pièce du puzzle
Thématiquement : elle l’enrichit d’un point de vue symbolique
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Le prochain numéro présentera :
En attendant, petite question :
Par ailleurs, si tu as l’ambition d’écrire un roman publiable, regarde mon programme pour écrire un roman et l’emmener en comité de lecture chez tes éditeurs cibles, j’ai fait une vidéo qui présente mon approche :
Ça t’a plu?
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Bons baisers de Nantes et à samedi !
Je me disais qu'un jour, j'aimerai que quelqu'un écrive un bouquin dans le même style que la Dramaturgie de Yves Lavandier, mais plus pour la littérature : je crois que ta newsletter va devenir ce livre 🙏
Bonjour,
Est-ce que c'est une bonne idée de finir une scène (ou un chapitre) sur un cliffhanger ? (sans le faire systématiquement).
Cela doit souvent augmenter le suspense donc la tension dramatique. Mais le risque, si ensuite on intercale une intrigue secondaire (ou quoi que ce soit d'autre), c'est que le lecteur soit frustré de ne pas avoir rapidement d'information sur la suite, et qu'il ne retienne pas, voir qu'il saute, certains passages pour arriver plus vite à ce qui le tient en haleine. Comment gérer cela ?
Merci !
Georges